Gustave Massiah
en Léo Matarasso, Seminario del 6 dicembre 2008, Cedetim, Parigi
La discrétion de Nuri cachait mal sa forte présence. Quand il est passé quelque part, il y a quelques petites choses qui ont été déplacées, mais on se rend compte après coup que beaucoup de choses essentielles ont changé.
Dans toute situation Nuri écoute attentivement avec un grand sourire, il savoure les discussions et sait apprécier les affrontements à leur juste mesure. Au bon moment, profitant d’une accalmie et d’un moment propice, il propose une sortie évidente qui n’humilie personne et qui sauve la possibilité de continuer à s’engager ensemble.
Nuri était un militant qui savait mettre toutes ses compétences au service de son engagement.
En tant qu’avocat, il était toujours disponible pour défendre les droits civils et politiques. Mais il savait aussi la fragilité de ceux qui étaient menacés dans leur vie, et il savait donner toute sa disponibilité et son amitié. Il n’y avait pas de frontière entre son cabinet et son appartement, tant de personnes poursuivies de tant de pays peuvent témoigner de tout ce que Nuri leur a apporté.
Nuri était très fortement impliqué dans la Ligue internationale pour les droits et la Libération des peuples qui soutenait le Tribunal Permanent des peuples. Il savait et défendait avec talent la complémentarité entre les droits des peuples et les droits fondamentaux, individuels et collectifs. Il le rappelait encore il y a quelques semaines à l’occasion d’une soirée d’hommage à Léo Matarasso.
Nuri était aussi très attaché à la défense et à la progression du droit international. Il a défendu avec passion le protocole pour les droits économiques, sociaux et culturels. Il savait bien que le droit international n’est pas un point d’arrivée, que c’est juste un point de départ, un point d’appui pour les luttes populaires qui seules peuvent faire la différence.
Il expliquait souvent que les forums sociaux, en renforçant les mouvements sociaux et citoyens, ouvraient de nouvelles perspectives pour une transformation sociale radicale et de nouvelles alternatives.
Nuri avait participé dès le début à la création d’Attac et s’y consacrait activement. Il a manqué peu des Universités d’été. Il y a deux ans, il avait animé pour Attac un séminaire de travail sur les droits environnementaux et leur place dans le droit international. Il avait fait preuve d’un formidable savoir croisant avec maestria ses connaissances du droit international et sa capacité de saisir tout ce que portent les mouvements sociaux, écologistes et pour les libertés.
C’est une immense tristesse de ne plus pouvoir compter sur le courage de Nuri, l’élégance de sa pensée et son grand humour.
en: <strong>Léo Matarasso,
Seminario del 6 dicembre 2008, Cedetim, Parigi
Milano, maggio 2009</strong>